Prise de conscience
Ces derniers temps ont été riches en réflexion sur ma responsabilité de consommatrice (de biens courants, pas de kéké!). Plus jeune, je n’étais guère sensibilisée à l’impact de mes achats aux niveaux social et écologique. Mes envies de shopping frénétiques se sont calmées à la découverte du mouvement « zero waste », traduit « zéro déchet » ou « anti-gaspillage ». C’est par les réseaux sociaux que j’ai découvert le travail de Béa Johnson, une française expatriée aux USA. Elle a modernisé, démocratisé et médiatisé le »zéro déchet » d’abord dans son pays d’adoption, puis dans le monde entier.
Vegas et ses bas-fonds
Un film qui m’a fait aussi réfléchir au confort matériel est le film « Above and below », réalisé par le jeune haut-valaisan Nicolas Steiner. Le film dresse le portrait de personnes marginalisées, certains vivant dans des tunnels d’évacuation d’eau ou au milieu du désert. Ceux vivant dans les soubassements de Vegas vivent avec le strict nécessaire, ce dernier pouvant s’évaporer par ce qui nous semblerait un anodin temps d’orage. Mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les héros déchus profitent de la vie au jour le jour. Du fond de mon siège de spectatrice, je pense à tout le confort dont je profite, me demandant si posséder moins ne me rendrait pas plus heureuse. Et si le nouveau Saint-Graal était de posséder le moins possible?
4 commandements vers le minimalisme
Ma route est longue sur le chemin de la consommation responsable, mais je prends mon bâton de pèlerin et me hâte lentement dans cette direction. Pour débuter quelque part, j’ai acheté le livre « Zéro déchet » de Bea Johnson et me suis inspirée de quelques astuces pour consommer responsable. Dans son livre -qui ne se lit pas comme un roman, mais plutôt comme un guide de conseils-, Béa énonce 4 commandements à suivre minutieusement: « refuser, réduire, réutiliser et composter (seulement dans cet ordre) ». Aujourd’hui, nous parlerons de la troisième étape: réutiliser. Béa prône une simplification de nos vies en passant par le minimalisme, et notamment un tri drastique de notre garde-robe. En clair, ne gardez que des basiques vestimentaires et si un vêtement vous manque impérativement, rendez-vous au marché, aux fripes, dans des magasins de seconde main. Fort bien, me dis-je, rendons-nous à Emmaüs pour la première fois. Plongée sociologique en terre inconnue.
Une jungle bigarrée
La découverte d’Emmaüs commence dans son parking, avec un premier constat: plein à craquer par un samedi ensoleillé. Tout le monde n’est pas adepte de la peau de phoque visiblement. J’aperçois des gros 4×4, signifiant la présence de personnes plutôt aisées. Néanmoins, il est possible que les personnes se débarrassant de leurs bien et les acheteurs n’aient pas le même pouvoir d’achat. Entrons dans ce dépôt gigantesque. Le lieu répond à mes attentes: des étagères où sont posés des bibelots de toutes sortes. Le classement est néanmoins cohérent: meubles de salon, ustensiles de cuisine, canapés, livres, vêtements, achalandés sur deux niveaux. On trouve pour tous les goûts, le meilleur comme le pire. A l’image de ce plateau en argent où est gravé « Mariage de Machin et Bidule, année XXXX ». Le mariage s’est-il soldé par un divorce? Ou s’est-on lassé de l’argenterie? Dans ce bric-à-brac ordonné, on est vite submergé de couleurs, de tissus et d’odeurs diverses. Je vous épargne le descriptif de l’odeur du rayon chaussures! Outre l’observation, j’avais tout de même un objectif précis en me rendant dans ce lieu: trouver un veston de smoking noir pour femme. « Dans ce genre d’endroit, tu ne trouveras ni ta taille ni le modèle voulus », m’avait-on prédit funestement. Il n’en fallait pas plus pour m’encourager à m’y rendre, fouiner activement et prouver le contraire. Et bingo, il m’attendait là, les manches tendues, un ravissant haut de smoking à ma taille à la bonne couleur et dans un bon état, oui Madame. A une responsable du rayon, je demande le prix de ma trouvaille: 10 francs. Fort contente de ce prix, je me rends à la caisse, où l’on me réclame 5.-. Est-ce que tous les prix pourraient être décroissants ainsi dans tous les magasins, s’il-vous-plait?
Une lueur d’espoir
En sortant d’Emmaüs, je retrouve un peu foi en l’humanité, avec la certitude qu’un système de solidarité fonctionne. Ce système a trouvé son public, avec des particuliers amenant leurs biens et d’autres qui s’intéressent à les acheter. Il pourrait prendre de l’ampleur en dépoussiérant son image, et en assurant une meilleure visibilité sur Internet. Ces objets d’occasion retrouvent un second souffle, épargne des ressources naturelles, permet à des gens au revenu modeste et même plus aisé de trouver des choses à bon compte, dans une Suisse chère où les consommateurs sont tondus par les industriels. La coupe est pleine, nos porte-monnaies se vident, la plaisanterie a assez duré.
Si vous n’avez jamais été à Emmaüs, courrez-y vite, vous aurez peut-être une bonne surprise!
Littérairement vôtre,
Sïana Tréma.
Bibliographie: Béa Johnson, Zéro Déchet, Ed. J’ai lu et Les Arènes, 2013.
Communauté Emmaüs en Suisse : http://www.emmaus-schweiz.ch/


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