Je caresse un vieux rêve depuis ma tendre enfance…Écrire mes mémoires dans un chalet en Alaska, de préférence au bord d’un lac. Avec pour seule compagnie mon chien fidèle, je noircirai des pages à longueur de journée, me balançant sur mon rocking-chair. Ma socialisation se limiterait aux courses dans l’unique supérette du coin. Courses qui, au passage, me donneraient de nouvelles anecdotes pour compléter mes mémoires.
Et pourquoi pas tout plaquer maintenant ?
Mon père a émis une réserve à ce projet romanesque. Il souleva un détail frigorifiant: la température dans ce genre de contrée polaire frise souvent -20°C, et n’est guère recommandée aux frileuses. Au chaud dans mon tricot douillet, le doute s’insinue comme un cristal de glace dans ma caboche. Un autre soucis me met devant une cruelle vérité : avant d’écrire ses mémoires, il faut bien avoir vécu sa vie. En relatant ma vie à 30 ans seulement, le livre ne risquait-il pas de tenir dans un modeste chapitre?
L’écriture de mémoires est-elle réservée aux anciens?
La question de l’argent, autre sujet sensible…Des mémoires permettent-ils de payer le bois de chauffage et les croquettes de son husky? A moins de réitérer le succès intergalactique de J.K Rowling (maman d’Harry Potter) ou d’écrire plusieurs volumes de sa vie (ou un livre pour chaque vie antérieure?), il faudrait bien travailler pour réaliser ce vieux rêve.
Retroussons nos manches…
En attendant de vivre de ma plume, je publie des articles en qualité de pigiste. Le pigiste est au journaliste, ce qu’est le vigneron du dimanche au vigneron. Ces amateurs passionnés profitent de leur week-end pour s’adonner à leur dada. Mon temps libre fut donc dédié à trotter dans le Valais central et écrire des articles. Les premiers sujets imposés étaient royaux: reportage dans une fabrique de raviolis valaisans, compte rendu d’un festival de cor des alpes…Mes articles occupaient parfois une pleine page, un honneur aussi rare qu’aléatoire dans l’attribution des espaces dans une page de journal. La logique cosmique aurait voulu que je commence par des brèves, puis des articles toujours plus longs. Hélas, mes articles passèrent de 4’000 signes à 600 malheureux mots, telle une peau de chagrin. Ma plume, avide d’écriture, rongeait son frein, chagrine. Les épiques descriptions sur plusieurs paragraphes devinrent de brèves explications. Des détails passèrent aux oubliettes.
Ô amère déception.
Face à cette déconvenue, un petit recul est nécessaire. Si les articles sont effectivement moins longs, écrire sur mes rencontres et découvertes reste passionnant, quel que soit le nombre de signes. Avec le temps et un travail tenace, en gravissant les paliers dans le bon ordre, ma plume me permettra bien un jour de devenir journaliste, ménestrelle*, romancière en Alaska (destination négociable) !
Je porte un toast à mes rêves et aux vôtres! Puissent-ils prendre vie ! Santé !
Littérairement vôtre,
Anaïs
*oui ménestrelle avec deux l, pour une demoiselle!


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