A l’assaut de la limite verticale (Festival Glaçon Zinal)

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Photo Alban Mathieu

A la recherche de la cascade perdue

« Pour atteindre la cascade du Belvédère, z’avez qu’à traverser la Navizence, puis monter en-çà. Ce sera là-haut ». Ce sont les mots d’un promeneur à Zinal pour m’indiquer un chemin, dans un langage qui rapproche l’anniviard du breton (originaire d’Anniviers, je me permets!). Habillée pour des conditions polaires, j’ai déjà affronté les moins quinze degrés le matin à Chandolin pour couvrir l’événement « Luge en folie ». En repartant l’esprit léger pour Zinal, je ne soupçonne pas l’aventure m’attendant au bout du glaçon.

La Navizence traversée, j’ai le choix entre deux chemins enneigés identiques. Soudain, sortis littéralement du talus, déambulent trois personnes équipées de baudrier et de crampons. Oui, ces adultes, ces enfants, ces sportifs sont tous allés au Belvédère. « C’était trop cool! », s’écrie un gamin, sautillant sur le chemin tel un cabri. C’est donc ce que voulait dire « En ça »: « Traversez le pont qui surplombe la Navizence et tournez sur la droite ».

Une magnifique cathédrale

La montée au Belvédère dure environ 3 minutes pour ceux qui font la Patrouille des Glaciers et 7 minutes pour le commun des mortels. A la fin de cette montée, se dresse la cascade du Belvédère. Rencontre avec Pascal Zufferey, alias Pasco pour les intimes. Faisant partie des guides d’Anniviers, il m’explique alors que cette cascade est artificielle, l’eau qui ruisselle étant amenée par une source en amont. Le résultat est incroyable.

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J’écris des notes dans mon calepin et prends quelques photos. Pasco se tourne vers moi et me dit: « Dommage que tu n’aies pas pris des bonnes chaussures pour grimper ». Je baisse les yeux vers mes Sorel, ces Sorel qu’on faisait exporter jadis du Canada, si cool, imperméables et tenant chaud. L’instant de flottement passé, je comprends qu’il parle de chaussures techniques pour escalader. Le temps de dire ouf et les guides d’Anniviers ont eu la gentillesse de me prêter l’équipement de grimpe complet pour affronter la limite verticale.

Les règles du jeu

Quand je suis équipée du casque aux crampons, Pasco m’amène au pied de la cascade, sur la face la plus « facile ». Tout en m’assurant avec une corde, il me prodigue ses conseils: commencer par prendre appui avec un piolet (le gauche pour moi) dans une fissure. Juste appuyer fermement le piolet, nul besoin de taper/massacrer la glace, elle ne vous a rien fait. Puis poser son premier pied en diagonale (droit pour moi) pour s’élever. Puis appui sur le piolet droite, ensuite on trouve une place pour le pied gauche. Progresser dans cet ordre, toujours en quinconce. Je monte et prend parfois le temps de m’arrêter, pour respirer mais surtout pour admirer le fond de vallée, tout en pendulant au bout de ma corde telle une Piñata.

A retenir pour la prochaine fois

…économiser mon énergie. Je grimpe généralement en salle, avec des bonnes prises. La transition avec la surface exigeante qu’est la glace est ardue. La « lecture » d’un mur de glace est moins évidente, les bras sont beaucoup sollicités et manier le piolet est tout un art. En voulant soulever des montagnes, j’ai attaqué la glace, fais de grandes exclamations dignes d’un grand film d’alpinisme. La vallée entière a dû entendre mes bramées.

Pas découragée pour un sou, j’y retournerai avec d’autres compagnons de cordée, avec une meilleure approche: des plus petits pas et mouvements, plus lentement, avec patience et ténacité. A cette allure, comme dans la vie, on peut atteindre des sommets !

Merci Pasco pour cette expérience de folie 🙂 ! Littérairement vôtre,

Anaïs

Pour en savoir plus 

La luge en Anniviers vous branche?

Envie d’affronter la limite verticale?  Les guides d’Anniviers sont là !

Crédit photo de bandeau : Alban Mathieu 

 

 

 

 

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