Théâtre les Halles: Hocus Pocus, la télé en mieux

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Au Théâtre les Halles, se joue la pièce Hocus Pocus de la Compagnie Philippe Saire. Enfin assise, je constate un éclairage qui donne le ton: deux néons jettent une lumière crue devant une scène noire d’encre. Je plisse les yeux, aveuglée telle une vampire sortie de son corbillard. Soudain, une main, un bras, un dos surgissent puis disparaissent de ce cadre éblouissant. J’ai compris : les néons forment le cadre d’une télé. Une télé magique.

Deux amants ou deux compères?

A l’intérieur de ce cadre, deux hommes tors nus s’enlacent dans une chorégraphie mêlée de toutes les émotions: joie, surprise, tristesse… Le public va-t-il réagir de manière positive à la proximité de ces deux hommes, ou va-t-on assister au même scandale que celui d’Elisabeth Ohlson Wallin ? Sa photographie d’un couple homosexuel enlacé avait fait débat. Mais dans Hocus Pocus, le mystère est levé: les deux hommes sont frères, embarqués dans une fabuleuse épopée.

Les enfants, un public plus sincère?

La pièce est recommandée pour les familles. Je jette un regard aux têtes blondes dans l’assistance. Comprendront elles l’histoire de deux hommes à demi nus dans un cadre? Contre toute attente, les enfants sont non seulement captivés, mais vivent l’instant. Alors que les adultes réagissent discrètement aux comiques de situation, les petiots rient à gorge déployée. Ils pointent du doigt les créatures merveilleuses sortant de la télé magique, alors que pointer, c’est mal! De la fumée s’échappe et trois bambins se lèvent pour essayer de l’attraper. Une petite fille s’assied à même le sol, proche de la scène. Inutile de l’appeler, elle est indisponible durant tout le vol pour le pays imaginaire d’Hocus Pocus.

Entre le mythe d’Icare et le roman de Moby Dick

Hocus Pocus propose plusieurs volets dans son épopée. D’abord un passage de chevalerie et de cotte de maille où les épées imaginaires s’entrechoquent. Quelques instants après, nous sommes dans les airs, à bord d’un avion composé de longs bouts de plastique. La structure fragile est secouée par les turbulences et finit par s’écraser, tel Icare et ses ailes…glouglou au fond de l’océan. Les mains des comédiens miment les méduses, les coraux avec des accessoires aux couleurs bariolées. Je deviens nostalgique du monde de Nemo et me se sens bercée par la houle. Parmi ce joyeux bestiaire débarque une baleine. Moby Dick, esprit vengeur, est-ce toi? Il ouvre une large bouche et ingurgite l’un des frères. Je rappelle à mes passagers que nous sommes toujours aux Halles, devant la télévision magique.

Une immersion réussie

L’histoire se termine bien pour les deux frères aux milles périples. Cette immersion dans les contes d’autrefois m’a redonnée l’envie de fréquenter plus souvent le théâtre. La télévision, somme toute très plate et plus impersonnelle, ne saurait incarner autant l’humanité qu’Hocus Pocus. Les personnages et créatures sortent du cadre, plantent leur regard dans celui du spectateur. L’imaginaire s’ancre à la réalité. En témoigne la sirène traînant sa chevelure sur le parquet de la scène. Sans doute devra-t-elle passer la serpillière après le spectacle, mais une chose est sûre, elle pourra témoigner qu’il n’y a pas d’âge pour rêver !

Fantasmagoriquement vôtre,

Anaïs/Sïana

Pour en savoir plus
Hocus Pocus par la Compagnie Philippe Saire
Crédit photo : Cie Philippe Saire
Théâtre les Halles à Sierre

hocuspocuspetittheatre_phpache2017
http://www.philippesaire.ch

 

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