Chers petits chaperons rouges, prenez une tasse de thé, un plaid, quelque chose de réconfortant et venez au coin du feu. Ce soir, je vais vous conter l’histoire du harcèlement moral que j’ai subi et qui m’a amenée à avoir de l’anxiété sociale. Je m’en fiche du qu’en dira-t-on. La honte doit changer de camp de manière générale, qu’importe la personne visée et les causes évoquées (âge, genre, orientation sexuelle, ethnie, religion).
L’histoire commence en 2018. Je suis engagée pour un contrat à durée déterminée. Six mois passent, puis on met au concours mon poste. Soudain, de jeunes loups s’aperçoivent que je suis payée pour faire de la communication. Incroyable, s’exclament-ils, elle est payée pour gérer des réseaux sociaux, alors qu’elle est « vieille ». C’est vrai qu’à 31 ans, les femmes arrivent gentiment à leur date d’expiration. Et pour des gens de 18 ans, quel énorme écart cela fait. Profitez de cette illusion, jeunes agneaux, vous deviendrez assez tôt de vieilles brebis à votre tour.
« En plus elle est timide. » Certes, mais ça ne me semble pas être une infraction, contrairement au harcèlement qui peut faire l’objet d’une plainte au civil (art. 28b) .
Comment le font-ils ? Ils me poussent à bout en m’intimidant. Ils n’ont même pas besoin de me toucher, un ricanement de hyène suffit. La parano s’installe et n’importe quel rire me renvoie à cette période sombre. Mais est-ce vraiment de la parano ? Le gaslighting est une méthode de manipulation psychologique qui consiste à rabaisser une personne, la pousser à bout jusqu’à lui faire croire qu’elle est folle. C’est d’autant plus redoutable quand le tort est moral (invisible sur soi), que physique (des bleus sur le corps). Dans mon cas, je n’ai pas de noms, seulement un profil-type.
Je n’irai pas à la conclusion que « tous les jeunes sont cons », car je suis passée par cet âge et cette phrase était blessante et trop générale. Je dirai qu’ils n’ont pas encore la sensibilité pour mesurer l’impact de leurs mots sur les gens en vrai ou sur la toile. Qu’ils s’engagent pour des causes nobles dans des sociétés de village, club, scouts et autres associations qui rendent le monde meilleur. Me voilà à 34 ans à déblatérer comme si je présentais mon programme politique comme Macron (ceci est notre projet !).
Si cet article à réussi à sensibiliser ne serait-ce qu’un jeune loup/louve à la tolérance, à mesurer ses propos et ne pas se moquer (bodyshamer, slutshamer, momshamer) des autres, je ne me serai pas montrée vulnérable en vain.
Les mots ne sont que des mots, mais ils sont puissants.
« Je vous obsède avec une constance qui appelle l’admiration ». Christiane Taubira à l’Assemblée nationale.


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