Escapade sur la Côte Basque (de Biarritz à San Sebastian)

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8–11 minutes

Depuis 2019 où j’ai rencontré mon mari Toulousain, j’ai de nouveau exploré la France, destination que j’avais longtemps boudée pour des contrées plus lointaines. Cette fois nous avons visité le pays Basque, dont ma belle-famille ne tarissait pas d’éloges. Une terre bien connue de Benjamin et nouvelle pour moi…ça promettait !

Pour le week-end de l’Ascension 2025, nous avons fait une première escale à Toulouse pour les noces d’un cousin à Benjamin dans un endroit idyllique. Les mariés, le cadre, tout était magique (Clément et Sophie, cœur sur vous).

Biarritz, paradis du surf

Après avoir roulé 3h30 depuis Toulouse, nous sommes arrivés au Pays Basque. Cela se remarque notamment aux maisons blanches avec les volets rouges.

Notre Air Bnb est situé dans le quartier de Saint-Charles, non loin de l’Hôtel du Palais, dans un immeuble typique basque. Son propriétaire est un allemand de Francfort qui a déménagé à Paris, puis Biarritz il y a 30 ans et qui vit sur son voilier quand des hôtes sont chez lui.

Après avoir déposé les valises, nous prenons la direction de la mer. La première chose qui frappe l’œil est l’imposant hôtel du Palais (auquel je dédie un chapitre), puis les bâtiments belle époque, le casino, les cafés, sur le front de mer.

La ville est réputée pour son spot de surf, à l’image d’Hossegor (FR) et Nazaré (Portugal). Quand on voit la puissance des vagues, on comprend la quantité de surfeurs qui se baladent dans les rues, planche sous le bras comme on ramène sa baguette de pain. On remarque aussi les sauveteurs, les mêmes « baywatch » de Malibu, en grappe à un endroit précis de la plage. En effet, il y a deux parties extrêmement dangereuses où le courant repousserait un nageur vers l’océan. Des drapeaux de couleur sont plantés pour les nageurs peuvent « nager » en sécurité. Je mets des guillemets, car c’est plutôt jouer à ne pas se faire renverser par les vagues. Les rares nageurs sont armés de palmes et habitués à se battre contre la force du courant.

Un soir, nous assistons à un des plus beaux coucher de soleil de notre vie. Les gens étaient tous assis sur le front de mer pour assister au spectacle !

Le Rocher de la Vierge et la maison des anglais
L’Hôtel du Palais par la grande porte

L’un de nos objectifs principaux était de manger à la table de cet honorable établissement. Ce palais du 19ème siècle fut construit par Napoléon III pour l’impératrice Eugénie. Cette demeure opulente, composée de 4 bâtiments de type Versailles, nous fait bien comprendre que c’était davantage pour le prestige que pour loger une dame et sa cour.

Benjamin ayant travaillé presque 2 ans dans ces murs, il connaît tous les accès. Le bâtiment autrefois destiné au personnel, à présent réhabilité en Spa et surtout l’énorme grille de l’entrée en fer forgé pour les clients. Nous nous présentons innocemment à celle-ci, où le simple obstacle est une borne descendante pour les voitures et une vigile. Armée d’un talkie-walkie, elle est sortie de sa cabane de jardin pour faire passer un taxi.

Rodée à l’exercice, la vigile déroule son speech : pour consulter les menus du restaurant madame, ce sera sur l’affiche sur un pilier de l’entrée, la réservation est à prendre par téléphone. Au bout du fil, on nous répond que le restaurant est complet ce soir. Aïe. Pas découragés, nous nous préparons à la chambre pour revenir au top. Robe longue noire et pull sur les épaules pour madame, pantalon et chemisier pour monsieur.

Arrivés au portail, nous passons comme des fleurs, sûrs de nous. Le vigile du moment est remisé dans sa cabane et nous ne le calculons pas. Après avoir été admis au bar Eugénie, Benjamin a expliqué qu’il était un ancien employé et que nous serions heureux de manger dans la Rotonde. Privilège accordé, alléluia les vacances sont sauvées !

Sur le coup des 22 heures, un jeune couple s’assied à une table attenante à la baie vitrée. La femme est une superbe blonde, élégamment habillée. Ils ont une petite fille, une princesse d’environ 3 ans. Pas impressionnée pour deux sous par la solennité du lieu, elle court gaiement dans le restaurant, prend une bouchée de homard avant de remonter les marches telle la princesse Anastasia dans le film Disney. Si j’avais eu son âge, on aurait sûrement galopé d’un salon à l’autre, passé devant les chambres Romy Schneider ou Gary Cooper jusqu’au Spa Eugénie. A la fin du repas, c’est ce que nous avons fait avec Benjamin, mais sans courir.

Le train magique de la Rhune

Le mardi est dédié à Saint-Jean-de Luz. Avant de s’y rendre, nous avons pris un train à crémaillère pour atteindre le sommet de la Rhune culminant à 905m d’altitude. Durant la montée, on aperçoit des chevaux en semi-liberté, avec une cloche au cou. Au sommet, on aperçoit Saint-Jean de-Luz et San Sebastian au loin.

Saint-Jean-de-Luz

Depuis la gare de la Rhune, comptez 10 minutes en voiture pour y parvenir. Cette station balnéaire a une ambiance bien différente de sa voisine Biarritz. Moins bling-bling et plus orientée sur la famille et le sport.

On retrouve ces maisons rouges et blanches typiques du pays basque. Cette ville était quasiment ravagée par les marées en 1680. Finalement, Napoléon III accepte le crédit pour construire 3 grosses digues pour fermer la baie (Socoa, Sainte-Barbe et Artha).

En retournant vers le parking du port, nous croisons un adorable monsieur qui nous a fait la causette. Il ponctue ses phrases de « à vous dire la vérité » et « à mon âge canonique », en nous expliquant qu’il avait été envoyé aux travaux forcés en Allemagne et en Algérie. Il nous raconte les moments où Biarritz avait été pris par les Allemands en 1940 et que l’Espagne de Franco menaçait également sur la frontière.

Nous le remercions pour ces histoires passionnantes (on aurait pu passer des heures) et nous rendons dans la vieille ville. Intrigués, nous remarquons une œnothèque qui se nomme « Le Suisse ». On s’attable en pensant découvrir des vins suisses à la carte. Que nenni. Le serveur nous explique que l’origine de ce nom est la venue de Louis 14 pour son mariage en 1660 à Marie-Thérèse d’Autriche à Saint-Jean-de-Luz. Fervent catholique, il était escorté par des gardes français, mais aussi de la Garde Suisse ! La légende raconte qu’un garde Suisse serait resté en ville après la cérémonie et aurait fondé une famille ici. A côté de l’œnothèque, il y a le bar « Le Petit Suisse », qui propose également des tapas.

Espelette

Ce nom vous dit sûrement quelque chose. Cette ville basque typique habillée en rouge et blanc, suspend des piments sur les façades pour les faire sécher. Dans le resto où l’on s’attable, chaque met, de l’entrée au dessert, contient de cet ingrédient magique. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le sel du piment d’Espelette n’est pas du tout fort. Une vendeuse explique à des clients que seuls la purée de piment et les piments entiers en bocaux sont très relevés. « Si vous arrivez à croquer dans un piment oiseau, alors ces deux produits sont pour vous », ajoute-t-elle. On a opté pour le sel.

San Sebastian

« Et pour vous du chorizo. Mais il est français, pas espagnol, hein », nous glisse un restaurateur biarrot un soir. Cette pique à peine voilée donne le ton sur les relations entre les basquais français et espagnols. Ce désamour remonte à la 2ème guerre mondiale en 1939, où un demi million d’Espagnols s’étaient réfugiés dans les Pyrénées françaises pour fuir le régime de Franco (« Retirada »). A l’époque, les autorités françaises avaient eu du mal à organiser l’accueil de cet exode massif de réfugiés, contrainte de les placer dans des camps provisoires. Pour ne rien arranger, Biarritz est bombardée par l’armée franquiste en mars 1938. A noter que des français s’étaient également cachés des Allemands dans les Pyrénées.

A notre grande chance, la seule chose dont nous avons souffert à San Sebastian était la chaleur (je sais, se promener en jeans au bord de la mer n’est pas l’idée du siècle). Nous sommes montés sur le mont Urgull pour admirer la « Concha » (conque), la grande baie.

Bayonne

Cette ville du Moyen-âge a été une grande place de marché au 19ème siècle. Les juifs portugais, pourchassés par l’Inquisition dans leur pays, sont venus faire du commerce des fèves de cacao à Bayonne depuis les Amériques. Comme Bayonne était un des premiers ports à recevoir de ces fèves, ils se déclarent « Capitale mondiale du chocolat ». En tant que Suisse, j’ai d’abord été amusée par cette allégation, mais très intéressée par cette dimension historique. Une autre marchandise très appréciée ici est le jambon de Bayonne. Cette appellation est quelque peu galvaudée, car il n’a été en réalité jamais produit dans la ville même, seulement commercialisé.

En bonus

Sur la route pour nous rendre au mariage à Toulouse, nous avons croisé un magnifique faisan. Quand il a aperçu notre voiture, il a foncé droit devant lui, comme s’il pouvait nous semer. Constatant son erreur d’appréciation, il a fini par plonger à gauche dans les fourrés. Comme quoi, dans la vie, même si la route paraît toute tracée, il ne faut pas hésiter à changer de direction, histoire de ne pas perdre de plumes ! 🙂


📖 Merci de m’avoir lue, chères lectrices, chers lecteurs.
🧡 Des becs à ma belle-famille du Sud-Ouest !

Références

Air BnB la vacancière, dans le quartier de Saint-Charles à Biarritz

Restos à Biarritz : Table de Michel, les Colonnes, Casa Juan Pedro (village pêcheurs), Chez Albert, la Coupole, Hôtel du Palais restaurant la Rotonde . Oenothèque Les Contrebandiers

Train de la Rhune, pensez à réserver votre billet en ligne et prévoir 30mn d’avance.

Bayonne : crêperie Quai 34

2 réponses à « Escapade sur la Côte Basque (de Biarritz à San Sebastian) »

  1. Avatar de Gawelle Cc. (Gag41)

    magnifique !!

    1. Avatar de Anaïs Zufferey

      Merci pour votre commentaire qui me fait grand plaisir ! Amitiés de Suisse

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